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Yvette déménage
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Usagers #3

Marie : Dans la continuité

Description du podcast

Marie se place dans la catégorie des cadres aisés, indépendants et prévoyants. La ville, voire la métropole très active, correspond à ses goûts. Ce sont ses besoins culturels qui dessinent son territoire. Elle a besoin d’éprouver le rythme de la ville pour se sentir en faire partie et s’évader. Son chez-soi est un refuge contemplatif, fonctionnel et exclusif. En libérant l’espace, elle invite le regard sur les murs qui racontent une histoire d’ailleurs.

  • Par Aurélie Barbey & Guillaume Sicard
  • Le 10 octobre 2019 à Paris XIII (75 013)
  • Photographie : Olivier Leclercq Édito  : Michèle Leloup Montage : Valentin Brion Musique - Ezechiel Pailhès Label - Circus Company

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Contenu du podcast

Portrait

  • :

    → Tenter de ne rien changer à sa qualité de vie.

  • :

    → Rester en ville pour sentir les « pulsions urbaine » et jouir de l’anonymat qu’elle procure.

  • :

    → Réduire ses espaces de vie pour continuer à les gérer au mieux.

  • :

    → Se suffire à soi-même sur le plan affectif et conserver une vie sociale.

  • :

    → Prévoir sa retraite en amont, par une activité à temps partiel.

  • :

    → Économiser pour éviter l’EHPAD et privilégier les services à domicile.

Destinations fréquentes et marchabilité

Logement

  • Surface:

    78 m² + 10 m² de balcon

  • Étage:

    16ème étage

  • Ascenseur:

    Oui

  • Nombre d'occupants:

    1

  • Quartier:

    Nationale / Paris intra-muros
    75013

  • Centralité:

    À 450 m du métro ligne 6

Plan

  • :

    1 Coin nuit

  • :

    2 Coin activités

  • :

    3 Coin invités

  • :

    4 Coin lecture

  • :

    5 Coin cuisine

  • :

    6 Coin rangement

  • :

    7 Point d’eau

Retranscription entretien

Pouvez-vous nous raconter à travers votre parcours résidentiel votre parcours de vie ?

C’est un parcours en couple. Notre premier petit appartement se situait dans le Marais, à côté du musée Picasso, l’on travaillait tous les deux et n’avions qu’un seul enfant, c’était exiguë mais sympa. Après, nous avons logé dans un grand appartement haussmannien, boulevard Voltaire, un 2ème enfant est arrivé. Je suis restée avec mes filles dans cet appartement après mon divorce et je l’ai quitté pour m’acheter un appartement rue du Faubourg Saint-Martin, au cœur du vieux Paris, un quartier très populaire et agréable, j’aimais bien. J’y suis restée une dizaine d’années, ensuite, je suis venue, ici, rue Dunois, dans le 13e arrondissement. J’avais envie d’avoir une vue, c’était mon objectif, je voulais bien habiter n’importe où dans Paris, à condition d’avoir une perspective, de dominer les toits de la capitale… Ici, c’est réussi parce que j’ai une vue imprenable et j’y habite depuis 8 ans et demi. Un lieu que je m’apprête à quitter pour me rapprocher de ma petite fille dont je m’occupe beaucoup. Elle vit près du Canal Saint-Martin et je passe ma vie dans le métro pour aller la chercher à l’école, l’emmener au conservatoire et ailleurs, il était donc nécessaire que je me rapproche d’elle. Raison pour laquelle je vais aller vivre dans le 3e arrondissement, rue Saint-Martin, entre Arts et Métiers et Rambuteau.

Comment ce nouvel appartement est-il agencé ?

Il est plus petit, une quinzaine de mètres carrés en moins et se situe au dernier étage avec des combles aménageables, je suis ravie de ma trouvaille car je l’ai acheté aux enchères sans trop y croire car il n’était pas dans mes prix. J’ai tenté le coup en faisant une proposition et j’ai perdu l’enchère. Mais l’acquéreur n’ayant pas un dossier de financement suffisant, c’est moi qui ai pu l’acheter et j’ai fait une bonne affaire car son prix au mètre carré est équivalent à celui du secteur nord du 11e arrondissement. Un coup de bol !

C’était localisation d’abord, plus petit, et puis mes critères depuis que je déménage à Paris, c’est comme tout le monde : d’avoir un appartement clair, lumineux..

Comment avez-vous choisi cet appartement ?

D’abord, sa localisation me plaisait, mais je savais bien que j’allais devoir lâcher sur d’autres critères comme la vue et la lumière. Finalement, il est très clair étant au 6e étage et je bénéficie d’une vue sur les toits d’en face. Certes, j’ai moins d’espace, mais je trouve qu’ici ce serait presque trop grand pour une seule personne. Avec mes 53,17 mètres carrés je suis à l’aise sauf que dans les 20 mètres carrés de combles l’on ne tient pas vraiment debout.

En définitive, c’est sa localisation qui a primé…

Exactement, la localisation mais pas seulement, à Paris il est important d’avoir un appartement clair et lumineux sans vis-à-vis. Ce quartier a primé parce que je fais beaucoup de choses à pied, il était donc important de pouvoir aller et venir sans transport. En outre, le Marais est un quartier que je connais bien, il me correspond, j’apprécie son architecture 17e siècle, et j’y ai habité longtemps, par conséquent, j’ai gardé mes habitudes. Je continue d’aller faire du yoga dans le coin et j’y ai également ma banque ainsi que mon coiffeur.

Est-ce un repère dans Paris en même temps qu’un lieu familier ?

Très familier ! Je connais toutes les rues, mais en ce moment je fais du repérage pour situer les nouveaux commerces et les marchands de légumes, le quartier étant bien achalandé en magasins bio. Sinon, je suis juste à côté du musée Georges Pompidou et ça me plaît beaucoup. Autrefois, habitant pas loin, j’allais souvent à Beaubourg, c’est pour moi important. Certes, le quartier a changé, il est maintenant très fréquenté par les touristes occupant les AirBnb et il n’y a probablement plus la vie de quartier que j’ai connue auparavant.

Moi, y’a un truc que je trouve très important, surtout quand on vit à Paris, c’est les bistrots. Bah ici, y’a pas de bistrot du coin quoi. Et ça, moi j’aime bien l’avoir, j’y vais beaucoup, au bistrot.

Connaissez-vous vos voisins rue Dunois ?

D’une manière générale, je ne suis pas très voisinage, j’aime l’anonymat de Paris. Je ne suis pas une fanatique de la fête des voisins, ce n’est pas mon truc. Ici, rue Dunois, je connais un peu mes voisins, ils sont tout à fait charmants et c’est le côté très agréable dans cette tour, les gens y sont extrêmement courtois et se disent “Bonjour” jusque dans l’ascenseur…, les gardiens également. Dans le Marais, ce ne sera plus la même échelle, la copropriété y est plus petite puisqu’il y a seulement deux appartements par étage sur la rue et sur la cour.

Quel est votre quotidien dans ce 13e arrondissement Marie ? N’êtes vous pas souvent ailleurs ?

En effet, je ne vis pas beaucoup dans mon secteur, je fais mes courses ailleurs, même si il y a de bons commerçants de bouche et des marchés dans le 13e arrondissement. Pour autant, j’apprécie beaucoup mon appartement, mais le quartier n’est pas marrant. Par exemple, il n’y a pas de bistrot au coin de la rue comme un peu partout dans Paris et moi j’adore ces endroits, j’y vais souvent, avoir un bistrot à deux pas permet de tisser des liens et de se rendre service en laissant ses clés au cas où. Ici, dans le 13e, l’organisation sociale est différente. Pour autant, sa proximité avec la Seine est agréable, il y aussi des nouveaux lieux agréables qui viennent d’ouvrir comme la pépinière de Start up « Station F » et son fameux restaurant italien La Félicita, j’y vais de temps en temps. Sinon, c’est assez mortel, disons que c’est plutôt familial à l’image de mes voisins, mais il y a également dans l’immeuble des personnes âgées qui sont là depuis le début et qui n’ont jamais bougé depuis la construction de cette tour dans les années 1980. C’est très pépère-tranquille et bien que je ne sois pas une excitée de la vie urbaine, le Marais me semble autrement plus vivant. En revanche, le côté pratique de cette tour est d’avoir la présence d’un médecin, d’une infirmière, d’une pédicure et un peu plus loin, un kiné. Lorsque l’on est malade, inutile de sortir. La pharmacie étant au pied de la tour, les jours de grippe en hiver, c’est un service de proximité très commode.

Je me dis il faut que je laisse la place aux jeunes, quand même c’est ridicule, on va pas travailler jusqu’à 95 ans !

Et si vous deviez inventer une maison idéale demain, Marie, à quoi ressemblerait-elle ?

Mon rêve serait de me faire construire une maison par un architecte mais en pleine campagne alors que je n’aime que la ville. Ce qui n’est pas très cohérent mais bon… Ma campagne se situe en Provence, mais ma maison est absolument mal adaptée au vieillissement futur. Il y a des marches partout et des escaliers, nous l’aimons beaucoup mais quand j’aurai 95 ans il me sera difficile d’y aller. Pour le moment, j’y fais installer des mains courantes. Mon logement idéal reste très ouvert avec un immense séjour. Le reste: la chambre, la cuisine et la salle de bains sont des mètres carrés utiles mais à limiter au strict minimum, me concernant, plus c’est petit, mieux c’est.

Quel était votre fonction à l’UNESCO ?

À l’UNESCO, j’étais responsable des Éditions produites par cette organisation internationale.

Après votre retraite, bossiez-vous par nécessité ou par envie d’avoir encore une activité ?

Au début, c’était par nécessité. À 62 ans, j’ai pris ma retraite de l’UNESCO touchée en capital, mais il me fallait attendre 65 ans pour être éligible à la retraite française. Par la suite j’ai continué car je ne me voyais pas m’arrêter.

Que va-t-il se passer aujourd’hui ? Allez-vous arrêter définitivement ou garder une activité qui est un vrai métier ?

Je n’ai pas tellement envie de poursuivre, en même temps, je ne sais pas ce que je vais faire. Jusqu’ici ce graduellement dans mes activités me convenait, mais l’an passé j’ai beaucoup moins travaillé et les propositions s’amenuisent.

Et si votre activité s’était arrêtée d’un coup, l’auriez vous vécu comme un vrai choc ?

Je crois que je n’aurais pas aimé. C’est le cas maintenant, mais il faut que je laisse la place aux jeunes, je ne vais pas travailler jusqu’à 95 ans ! À un certain moment il faut passer la main. Mais tant que j’étais sollicitée, je disais oui, jusqu’au jour où j’ai commencé à refuser en donnant mes missions à des copines et désormais j’arrête.

Pour faire quoi à la place ?

Je vais m’occuper de ma petite-fille et de mon fils par alliance. Par ailleurs, il y a des choses qui m’intéressent dans la vie, par exemple, la politique, mais dans un certain sens je trouve l’exercice abominable, c’est un milieu trop cruel. Reste l’écologie, j’y vois des pistes d’engagement. Mais le bénévolat - comme faire travailler les enfants à la sortie de l’école - c’est pas mon truc, à moins de trouver quelque chose qui me plaise vraiment. En règle générale, je trouve que le travail associatif - donc non professionnel - est exaspérant. C’est très vite le bazar, les gens ne savent pas collaborer ensemble et c’est énervant. Il y a aussi le fait que je vais assez souvent à la campagne, je ne peux donc pas m’engager à 100%.

C’est un de mes chantiers : le lâcher-prise, arrêter la course contre la montre et faire ce que j’ai envie, quand j’ai envie.

Pratiquez-vous une activité sportive ?

J’ai très mal au genou depuis un mois, mais jusqu’à présent j’allais tous les matins de 8h à 9h à la salle de gymnastique qui se trouve dans la tour, c’est une bonne manière de commencer la journée. Je pratique aussi le yoga une fois par semaine et j’envisage d’y aller plus souvent, mais l’entraînement collectif je n’adhère pas, je me vois mal faire du tapis de marche ou m’échiner sur des machines « cardio ». Du fait que je m’occupe régulièrement de ma petite fille, je suis forcément un peu dans un rythme avec la sortie de l’école et le conservatoire le mercredi. Quand on a travaillé toute sa vie, et j’ai commencé relativement tôt, c’est devenu une seconde nature d’avoir un emploi du temps. C’est d’ailleurs l’un de mes chantiers à savoir : arrêter la course contre la montre, et faire ce que j’ai envie quand cela me plait, déjeuner si cela me chante, bref, lâcher prise. Tous les matins, j’essaie de me lever et de prendre mes repas à des heures régulières. Normalement, je ne devrais pas en avoir besoin, mais en raison des horaires de ma petite fille j’ai besoin d’une montre. À vrai dire, l’oisiveté me pèse. Pour autant, en Provence, chez moi, j’aime me caler dans un transat pour lire et écouter de la musique avant d’aller retrouver des amis le soir. Je ne suis pas du tout malheureuse à l’idée de rester toute la journée avec des bouquins. Maintenant que j’ai plus de temps, j’essaie même d’y aller un mois d’affilé et bientôt j’y resterai tout l’été. Mais peut être vais-je m’ennuyer ! J’aime la ville, il me serait impossible de faire comme mes amis qui passent toute leur retraite à la campagne, c’est vraiment un enterrement ! Je n’aime pas les villes de province où tout le monde se connaît, je suis née à Nantes et je sais de quoi je parle, j’y revois mes vieilles tantes lorsque j’étais enfant et adolescente, c’était la province dans toute son horreur. À Paris, il y a tout le temps de l’animation, ça bouge, même le dimanche, il y a toujours des activités à faire ou des gens à voir. J’aime beaucoup les grandes villes comme Hong Kong, Singapour ou New York et je m’y verrais bien y vivre. La ville c’est aussi faire du shopping, même si je ne suis pas une grande dépensière, c’est distrayant.

C’est vrai que j’aime la ville, j’aime la grande ville, pas la petite ville.

Avez-vous déjà fait l’expérience de rester un mois à la campagne ?

L’an dernier, j’y ai passé tout le mois de novembre, il a fait mauvais tout le temps, je voulais rentrer à Paris, prendre les transports en commun et aller au Monoprix. C’est tout juste si l’odeur du métro ne me manquait pas ! J’entends dire autour de moi que Paris est horrible et polluée, pour ma part, je ne sens pas la pollution, du moins elle ne me gêne pas et ce n’est pas un critère négatif à mes yeux. La circulation, non plus, même si elle devient difficile c’est pourquoi je n’ai plus de voiture. Comme pour beaucoup de gens, plus question pour moi d’aller au-delà du périph’, Paris c’est intra-muros sinon rien mais je reconnais que la capitale est devenue un peu élitiste.

Pour quelle raison ne traversez-vous plus le périph’ ?

Pas envie d’aller en banlieue.

Pensez-vous qu’il y ait moins de service ou que l’offre culturelle y est moindre ?

La banlieue n’est pas une ville mais des morceaux de ville agglutinés, ils ne font pas unité. Probablement qu’il y a des petits villages sympathiques, comme Garges-lès-Gonesse que je ne connais pas mais selon moi, il s’agit d’une homogénéité de quartiers très différents.

Dans votre campagne, connaissez-vous vos voisins et le maire ?

Oui, je connais le maire, mais depuis peu. J’ai des copains et pas mal d’amis. Mais on se voit quand on décide de se voir, on ne se fréquente pas systématiquement et ma maison est absolument isolée, au milieu de la garrigue. Mais cette situation me convient parfaitement.

Là encore, préférez-vous l’anonymat ?

Je suis contente dans la journée d’être seule, et le soir je vais voir des amis, je dîne avec des amis, mais il est vrai que je me suffis à moi-même.

J’ai prévu d’avoir suffisamment de moyens en réserve pour me faire aider à la maison et pour ne pas être obligé d’aller ailleurs.

Quel est votre désir d’avenir Marie ? Comment l’imaginez-vous ?

Pour le moment, ma vie me plaît bien, il me reste à négocier ce passage du « pas de boulot » qui reste en point d’interrogation et je ne sais pas trop comment y répondre. Mais mes filles sont à Paris, on se voit sans être les uns sur les autres. Toutes ces dernières années, je faisais au moins un grand voyage par an, mais le fait de ne plus travailler va probablement m’obliger à y renoncer pour des raisons financières, j’ai autrefois beaucoup voyagé pour le travail et j’aimerais continuer. Mon avenir ? Continuer ainsi grosso modo mais de façon plus modeste en raison de ma réflexion sur l’environnement et mon empreinte carbone que je souhaiterais plus légère. Actuellement, j’étudie le moyen de planter des arbres chez moi, dans le midi, pour compenser mes rares voyages en avion car la plupart du temps je circule en train notamment vous venir en Provence.

Question peut-être plus délicate. Pour l’instant, vous tenez à vivre dans cet appartement tant que tout va bien, mais si vous deviez y renoncer, que se passerait-il ?

Si jamais je n’allais pas bien, j’ai prévu d’avoir suffisamment de moyens en réserve pour me faire aider à la maison et pour ne pas être obligée d’aller ailleurs.

Et comment s’organise-t-on dans ce cas ?

Il me faudra des services à la personne, c’est-à-dire quelqu’un qui fait les courses et le ménage… Je n’y ai pas encore réfléchi dans les détails, mais c’est l’unique manière de vieillir que j’envisage. Je ne veux pas aller dans une maison de retraite. C’est pourquoi j’ai mis de côté des réserves durant ma période d’activité, une épargne que j’ai constituée quand j’avais quarante ans, je sais que cela peut coûter très cher, mais je pars dans cette optique-là.

Je trouvais que c’était horrible (l’EPHAD). Alors que c’était, la solution la meilleure paraît-il.

En somme, vous n’avez pas envie de finir vos jours dans un établissement spécialisé ?

Dans un EHPAD ? Non !

Le voyez-vous comme une angoisse ?

J’y ai vu ma belle-mère et j’en étais absolument consternée. Elle avait été placée dans une maison au milieu de nulle part, peu de personnes allaient la voir et c’était horrible. Jamais je ne pourrai vivre une chose pareille ! Elle s’est montrée très stoïque et avait une force d’âme formidable. Mais pas moi !

À tout prendre, vous préférez rester chez vous jusqu’au bout ?

En effet, parce que les « communautés » mon œil ! Les vieux entre eux ne communiquent pas du tout, ils sont chacun dans leur fauteuil roulant à trembloter et se montrent cruels les uns avec les autres. J’ai peut être de mauvais exemples en tête ! Ma mère a passé 5 ans à la fin de sa vie dans une maison de ce type, soi-disant « idéale », c’était à Nantes, en centre ville proche de l’endroit où elle habitait et elle était entourée de ses cousines et de ses copines. Ma mère étant très pieuse, elle avait toutes les églises à proximité et elle pouvait y aller trois fois par jour si elle voulait. Quand je la descendais au réfectoire pour le dîner, je voyais toutes ces vieilles dames qui s’envoyaient des piques entre elles, horrible ! Mais c’était son choix et je pense qu’elle n’était pas malheureuse même si de temps en temps, elle se plaignait d’être au milieu des vieux ce qui n’est pas très tonique. Sans doute n’existe-t-il pas de situation idéale et c’est pourquoi j’aimerais bien y échapper.

Les grandes structures professionnelles, il y en a pas dans les villages.

Que pensez-vous des lieux de vie intergénérationnels ?

Je connais cette situation avec mes petits-enfants bien que je ne sois pas encore une vieille dame ! Moi-même, autrefois, j’aimais bien leur compagnie, j’ai d’ailleurs eu pas mal de copines plus âgées. Aujourd’hui, j’ai des amis encore en activité qui ont une quarantaine d’années, ce sont des anciens collègues de travail et des amis de mes enfants, finalement je vis dans une ambiance assez intergénérationnelle.

Est-ce une autre richesse de la ville que de rester en contact avec des anciens collègues ?

Exactement ! Il n’y a pas de grandes structures professionnelles dans les villages, mais il doit y avoir d’autres relations intergénérationnelles.

Pour clôturer cet échange, nous vous proposons le petit jeu des questions/réponses. Quel est votre vendredi soir idéal ?

Alors qu’il n’y a plus tellement de logique dans l’organisation d’une veille de week-end quand on ne travaille plus, le vendredi soir reste pour moi une soirée beaucoup plus détendue. En général, maintenant, j’ai ma petite fille à dormir chez moi et je suis absolument ravie de l’avoir.

Votre type de sortie préférée ?

Comme je vous le disais, j’aime beaucoup aller au bistrot mais aussi au musée, en revanche je vais peu au cinéma.

PMU ou tea-time ?

Ni l’un, ni l’autre ! Je déteste le thé, et je ne joue pas.

À la maison quel est votre lieu préféré ?

J’ai un fauteuil préféré, autant à Paris qu’à la campagne.

Jardin, parc ou balcon ?

J’aime les grands parcs. Les balcons, non, trop petits. Je préfère la mer à la montagne trop fermée à mon goût, j’ai besoin d’espaces et d’horizons comme chez moi en Provence.

Et quel paysage en ville ?

J’aime contempler le paysage des toits, le gris du zinc, le rouge des cheminées, c’est très esthétique.

Votre plante préférée ?

Le cactus !

Merci Marie.

Interview réalisée le 10 octobre 2019 à Paris XIII par Aurélie Barbey & Guillaume Sicard